Jules Lesbegueris

DE QUOI PARONS-NOUS LA PEAU DE LA TERRE ?

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______Depuis des millénaires, de champs, de villes et de chemins. Nous marquons sa surface ligne après ligne1 avec des résultats plus ou moins heureux. De frais champs ceints de haies ou d’infinies surfaces ouvertes à de mortes cultures ; d’organiques cités ou de méchantes parcelles répliquées en batterie encore et encore. La peau de la Terre garde la trace de tout cela. Vive « balafre » haussmannienne fendant avec orgueil le vieil urbanisme, sourire conservé de Broadway coulant joyeusement au milieu des rues de trame et des rues de chaîne. Que nous aimerions voir nourris les petits champs ceints et reprendre vie la ville aux excroissances semblables aux feuilles ou aux branches, se développant dans un rythme honnête. 

______Les parcelles organiques, que bon sens et praticité ont développé et modifié des siècles durant, se trouvaient révélées par les cartes et les livres terriers. Le cadastre parcellaire institué par la loi du 15 septembre 1807 a précisé le cadastre français. Aujourd’hui, Google Maps et Géoportail nous font voler au-dessus des sols, nous équipant même de divers filtres fabuleux, nous faisant soudain Dieu et son microscope. 

______Ce travail fixe son attention sur de beaux morceaux de villes organiques et les reproduit dans le plâtre et le charbon. La bichromie rend ses honneurs aux tracés lignes après lignes et ses matériaux, qui servent tout autant à la construction, ramènent aussi vers l’artisanal travail de la main. Ces panneaux, nommés des coordonnées géographiques du lieu qu’ils reproduisent, conservent aussi les tracés visibles aujourd’hui, qui peut-être un jour disparaîtront sous de nouveaux édifices, sous de nouvelles villes, comme se sont superposées les cités troyennes, numérotées Troie I à Troie IX par les archéologues Schliemann et Dörpfeld.

______Le charbon de bois, matière brute que je vais directement collecter chez les derniers artisans charbonniers des landes aquitaines, est l’amorce de ce travail. En allant littéralement chercher à la racine de ce produit, c’est à dire à la racine des pins dont provient le charbon, je me suis intéressé au sol nourricier puis à la croûte terrestre, grattée et exploitée en surface par l’homme.

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Texte de Gaspard Lesbegueris